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"TV Loves You Back" review [Les Chroniques Automatiques]

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Ants, assassinating other ants.

C'est apparemment l'année des gros retours, après de bien longues absences. On ne va pas tous les citer, même si ceux de Portishead ou Leila viennent directement en tête. Pour le coup, il y a, sur 2008, tellement de bons disques émanant de groupes "confirmés" que l'on n'a presque plus le temps de se pencher sur les nouvelles pousses, celles qui débarquent en catimini pour nous refiler un premier essai éclatant, façon découverte-totale-featuring-grosse-mandale. Les Restiform Bodies avaient balancé il y a 7 ans un album complètement allumé reflétant encore la quintessence du son Anticon, avec ce Hiphop electro expérimental oscillant entre le débile jouissif et l'hermétisme compact. Pourtant l'album ne fut pas, au départ, officiellement affilié à la fourmi noire. Reste que ce Re$tiform Bod1es avait permis au groupe de poser leurs bagages sur le label, laissant le projet collectif de coté pour aligner de très bons albums en solo, celui de Passage (voix du groupe) en tête, ou le dernier Telephone Jim Jesus (sur lequel Bomarr, le troisième larron, est pas mal présent).

Annoncé en grande pompe sur le site du label il y a quelques temps, entre des sorties de plus en plus éloignées du son originel de la maison, ce Tv Loves You Back semblait bien parti pour nous refoutre une bonne tranche de bordel Anticonien, d'une façon bien plus frontale que le dernier Sole, qui avait décidé d'embrasser (ave brio) une veine plus acoustique...

Couleurs criardes, dessins de gamins partout dans le livret, ce dernier ayant le mérite de nous proposer tous les textes du disque. Ce qui est une excellente initiative, au vu de la complexité de certains lyrics, qui seraient presque à ranger aux coté de ceux de Subtle and co.
Il fau être clair, ce Tv Loves You Back est une galette clairement inclassable, et cela dans toutes les facettes qu'elle met en avant : Outre les textes parfois abscons déclamés par Passage, c'est bien la voix de ce dernier qui pourra surprendre. Groupe à lui tout seul, le Californien change de flow comme de chaussette, alternant sur trois phases majeures, au sein même d'un morceau : d'une voix ronde et grave, le Mc va très souvent passer à un flow incisif et aride, scandant ses lyrics avec véhémence. Mais il est très courant que Passage se mette à chanter d'une voix claire, et pas désagréable (contrairement à 98% des Mc s'essayant à l'exercice), donnant un coté Pop à des morceaux souvent complètement flingués. Mais si cette livraison est inclassable, c'est aussi grâce aux instrues fignolées par Telephone Jim Jesus et Bomarr. On passe du coq à l'âne sans prévenir, on balance un morceau super accessible pour le défoncer par une Mpc hystérique quelques secondes après et l'on alterne passages debilo-jouissifs et atmosphères sombres et cradingues.

Le premier titre du disque ne pourrait pas mieux introduire et représenter ce qui va suivre sur ce Tv Loves You Back. Dans la grande tradition du morceau foutraque qui semble compiler plusieurs bouts d'instrues, Black Friday, se pose en modèle du genre. "Hey sympa, il envoie bien ce teaser !" "Non mais c'est la première piste du disque là" "Ah...euh... t'es sur ?".
La première partie du morceau est très hip-hop de stade, avec un beat lourd, un Passage qui lance des Yo / Yeah bouffés par des échos et le passage chanté est presque pimp. Saturations, parasites, la ligne rythmique se nécrose, et part dans un trip presque Autechrien, sorte de breakbeat explosé, mutant, entité incontrôlable. Passage est toujours aussi content, il rappe sans discontinuer sur une instrue qui fait "scrrriiiiittchhhfiiiizzprrouuulipfouuublupblupkataklakkataklak" le tout défoncé par un pied bien sourd. On étouffe, mais c'est cool car une nappe sombre et inquiétante finie le boulot, transportant le morceau dans une electro de cimetière placé sur l'anneau de Saturne. Le tout en trois minutes. Schizophrénie musicale, cela intéressera les médecins.

Que l'on rassure les estomacs sensibles, les montagnes russes du disque ne seront généralement pas aussi accidentées. Les morceaux, bien barrés, restent généralement construits, et préfèrent développer une idée folle sur une piste plutôt que 5 en deux minutes. Restiform Bodies se permet même d'aligner des petits tubes tout le long du Lp. Des tubes drogués, mutants, foireux et complètement flingués, mais des tubes quand même. Foul prend presque le contre-pied de son voisin psychotique du dessus, en partant sur une base presque limpide : Grosses nappes de synthés bien grasses, beats ronds, éclatants comme un enfilade de bulles de savon, et Passage qui alternent phrasés secs imparables avec quelques excavations plus réfléchies. On croirait presque à de la ghetto-tech passée à la moulinette. Mais c'est les refrains qui propulsent le titre sur MTV alien. Le mec se met à chanter en regardant la lune, soutenu par des claviers conviés à faire une bronca des grands jours, mi-hip, mi-pop, le tout saupoudré d'un semblant de New-wave. Ca passe parfaitement, à mettre dans sa voiture, la fenêtre ouverte et les lunettes de soleil sur le front, juste avant de se faire interner dans son hôpital favori. (A choisir en fonction des plateau repas.) La dernière partie chantée est superbe, cristalline, concluant parfaitement le tout. Pour schématiser, on a un peu l'impression d'entendre Depeche Mode se faire chahuter par un Mc en train de se noyer dans sa baignoire.
Même Tarif pour A Pimp Like God, qui aligne une entrée débile, presque niaise ( "A pimp like goooooood needs all his gold on his mouuuuuth / A pimp like god ain't equipped to settle dooooooown" ), avant de fracasser le tout sur une instrue sourde, poisseuse, aux basses bien rebondies, et de repasser sur un refrain bien saturé. Ca n'arrête pas de changer, le métronome s'emballe pour se stopper net quelques secondes après, et Passage est affolant, alignant des phrases juste inconcevables avec un aplomb énorme : "I'm the frostiest funkiest feather haired customer / Slick as a freudian slip, crisp as a cucumber / As handsome as a carriage on my pay as you go / You know i'm fronting but i'm obligated legally to let you know". Merci pour les métaphores, on les garde dans un coin.

Dans une veine plus sérieuse, mais tout aussi explosée par les aspérités, Panic Shopper balance du lourd. L'entame du morceau fait même assez penser à du Sole ancienne période : Flow grave et haché, teintes sombres et rythmes en retrait, toujours près à nous gicler à la gueule. Mais le tout prend vite son envol quand un synthé très analordien vient se greffer au tout, donnant un ton melancolico-mortuaire à des textes encore plus indéfinissables, à base de "It's not a well preserved pre historic bird / It's a 747 Behaeded nursing seven sorched feathers / ... / A pirate on the carpet licks the legs of the Cadaver / A pirate on the carpet licks the legs of the Cadaver / Cadaver abra ca dabra cadaver cadaver cadaver ! / Abra ca dabra cadaver" Moui t'es gentil, prends bien tes médicaments. Et ce n'est pas la suite du titre qui nous ramènera sur des terres plus saines, vu que Passage va littéralement s'envoler sur une montée fantomatique, lâchant ses lyrics à la vitesse de la lumière, arguant la foule comme un illuminé au milieu de Central park.

Bobby Trendy Addendum fera lui presque penser à du dDamage, explosant dans tous les coins, écrasant des semblants de samples sous des effets crasseux et saturés. On perçoit des notes de claviers accueillantes au milieu du marasme, donnant un semblant de mélodie sur lequel on pourra se raccrocher quelques instants, aidé par un Passage qui se décide à pousser la chansonnette un petit coup, avant de repasser en mode cintré du micro. La deuxième partie sera plus traditionnelle, avec un beat clairement plus identifiable et quelques handclaps cramés. Rassurant, ça permet enfin de put ses hands dans les air, même après avoir perdu tout son liquide rachidien.
Plus direct et moins bousillé (toute proportion gardées), Restiform Bodies donnerait presque sa vision du Hip-hop calibré tube avec Pick It Up Drop It, au tempo ralenti et vrilles de claviers. On se fera plaisir quand le rythme s'accélérera méchamment replaçant le titre dans des espaces un peu Ghetto-tech évoquées plus haut.

Mais on sentait la chose perler sur certains refrains (voir couplets) du disque, Passage aime chanter, donner de l'air à des pistes parfois asphyxiantes niveau lyrics déclamés en tgv (les textes d'un morceau tiennent parfois sur une page et demi, en double colonne ).
Il devient donc presque naturel de croiser sur ce Tv Loves You Back quelques morceaux où le flow passe au second plan, pour laisser le Mc susurrer au micro des litanies bizarres, à l'instar d'un certain DoseOne. Si Opulent Soul jonglera constamment avec un Hip-hop âpre et des phases chantées étonnantes, comme si Passage se dandinait sur le comptoir d'un bar une bouteille à la main, deux autres titres s'engouffreront dans une brèche périlleuse mais foutrement bien négociée :
Le bien barré Consmer Culture Wave verra Passage ralentir son débit au maximum pour se la jouer hip-hop chanté sur une instrue pétant les plombs, entre synthés bien gras et accélérations de rythme claquant comme un fouet. On sent que le truc veut s'emballer, veut sauter dans les coins, sans pour autant prendre réellement l'initiative.
C'est vraiment Ameriscan qui poussera le vice au maximum, en laissant Passage miauler sur un lit de synthés, martelés par un beat industriel très étouffé, placé à quelques kilomètres de là. Surprise, c'est super beau, on pensera presque à un ersatz de Thom Yorke reconverti en Mc qui s'essayerait à la New Wave droguée. On aura bien un versant Hip-hop bien convulsif sur trente secondes, mais c'est vraiment ces passages lunaires, en apesanteurs, dénués de toute envie d'expérimentation, qui prendront nos tripes pour en faire de la confiture. La montée finale file la frousse, et conclue l'un des meilleurs morceaux de la galette, alors qu'il s'en détacherait presque complètement sur la première écoute. On était presque convaincu d'assister à une tentative maladroite du groupe pour se la jouer Why ?, et l'on se retrouve devant une superbe conclusion, presque inattendue après un album aussi barge et accidenté.

Ce Tv Loves You Back est une tres bonne surprise. Pour ses qualités évidement, et ses compositions complètement barrées, inclassables et versatiles, avec une marque electro extrêmement présente, et un Passage complètement dingue, impressionnant quand on le compare au premier disque du groupe, et qui se posant désormais comme l'un des meilleurs dingo du label de San Francisco. Mais ce disque fait aussi plaisir car il prouve qu'Anticon peut encore nous sortir le Hip-hop qui reste, dans l'inconscient collectif, sa marque de fabrique, sa matière première. Attention, le label a sorti d'excellent disques ses derniers temps (Le Odd Nosdam, le Sole, le Why ?, le Thee More Shallows) mais cela faisait pas mal de temps qu'il n'y avait pas eu, au final, de véritables disques Hiphop Anticon. Comme si après avoir tourné en rond, le label ne voulait plus se risquer de tomber dans une redite, voulant pousser à l'ouverture exagérée, en laissant les fondations aux vestiaires.

Alors évidement, ceux qui ne pouvaient pas blairer cette marque de fabrique ne pourront toujours pas encadrer ce nouveau disque des Restiform Bodies. Quand à ceux qui ont justement peur d'une redite, qu'ils se rassurent, ce Tv Loves You Back prouve que l'on peut étonner, dérouter, faire du neuf avec une recette déjà bien utilisée, sans pour autant regarder une seconde en arrière.
Ceux qui ressentaient un manque de Hiphop barré au vu des dernières sorties des labels tel que Anticon, Mush ou autres seront aux anges. Il ferait presque même de l'ombre au tout dernier Subtle, pour ceux qui ont été déçu de voir le groupe définitivement foncer dans une Pop bizarre.

Bref, ce disque fait énormément plaisir, il est bien jouissif, bien barré et reflète le meilleur de ce que peut encore fournir le label dans sa facette Hiphop. On ne lui ne demandait pas plus.

Dat'
15/10/2008

Source: Les Chroniques Automatiques